Politiques et programmes bioénergie
Le réseau jatroREF et le Hub rural ont lancé une étude sur les politiques et programmes bioénergie en Afrique de l’Ouest et du centre. Les principaux éléments qui ressortent de cette étude réalisée par le CIRAD sont présentés ici.
Des situations nationales variées
Le secteur des bioénergies des pays ouest-africains et centrafricains est très diversifié avec différentes sources de bioénergies ― bois énergie, charbon de bois, biogaz, énergie solaire, hydroélectricité, biocarburants, etc. ― et des contextes nationaux énergétiques variés ― ressources hydrocarbures et ligneuses, taux d’électrification nationale, consommation d’énergie, etc. Les politiques de bioénergies y sont éclatées en diverses politiques sous-sectorielles portées par différents ministères qui revendiquent tous le leadership dans ce domaine. La multiplicité des structures gouvernementales en charge des bioénergies contribue à l’éclatement des politiques correspondantes et empêche de les traiter de façon homogène. La plupart des Etats tardent à élaborer un cadre règlementaire, législatif et fiscal propice au développement des bioénergies.
Un paysage institutionnel complexe et fragmenté
Un nombre élevé d’acteurs, publics et privés, sont impliqués dans le secteur des bioénergies :
Les acteurs publics : Ces nombreux acteurs ont des mandats partiellement distincts mais dont les domaines se chevauchent contribuant au fait qu’il n’y a pas de politiques publiques ou de stratégies embrassant l’ensemble des bioénergies. D’autre part, aucun mécanisme ou instance n’assure la coordination des différentes initiatives.
Les instances régionales ― CILSS, l’UEMOA ou CEDEAO ― développent des programmes régionaux sur les bioénergies. Toutefois, leur impact sur les politiques nationales des Etats membres n’est pas à la hauteur des ambitions affichées.
Les organisations de la société civile mettent en œuvre des projets dans des sous-secteurs tels que le biogaz, les foyers améliorés, etc.
Les entreprises privées prennent une place croissante dans la mise en œuvre des projets sur les bioénergies ― comme opérateurs et producteurs de normes ―, avec un retrait concomitant de l’État. Bien que la plupart des pays plaident pour une implication croissante du secteur privé, celle-ci reste timide dans certains pays et les opérateurs privés ne reçoivent pas toujours le soutien public espéré.
Les bailleurs de fonds jouent un rôle significatif dans le développement des bioénergies et pèsent fortement sur les politiques nationales.
Peu de réalisations, de multiples petits projets
Dans les différents secteurs, les réalisations sont souvent en deçà des objectifs annoncés. Ce décalage relève de plusieurs causes, à la fois politiques, économiques, institutionnelles et inhérentes à la variété des bioénergies (enjeux différents, structures administratives impliquées différentes…), et notamment à la faible prise en compte des réalités et contraintes auxquelles font face les pays. De plus, les bailleurs de fonds manquent de références et de résultats suffisamment convaincants pour financer des projets à plus grande échelle. Les évaluations des effets des bioénergies sur l’emploi, la pauvreté, l’accès à l’énergie en zones rurales ou encore la réduction de la facture énergétique restent rares ou insuffisamment diffusées. Ainsi, les projets bioénergies dans ces régions restent de faible ampleur (hors hydroélectricité). Pourtant, le potentiel économique des bioénergies est très important dans les différents pays étudiés et pourrait être mieux mis en valeur.