Ravageurs et maladies du Jatropha
Le Jatropha, moins rustique et résistant que prévu
Le Jatropha avait la réputation d’être une plante « rustique », peu sensible aux différents ravageurs. La mise en place des plantations de Jatropha s’est néanmoins rapidement confrontée aux dégâts causés par différents nuisibles.
De nombreux ravageurs et maladies du Jatropha en Afrique subsaharienne
Une quarantaine d’espèces d’insectes font des dégâts dans les cultures de Jatropha en se nourrissant des fruits, inflorescences, fleurs et feuilles de l’arbuste, réduisant son rendement en graines et la qualité de l’huile. Certaines espèces d’insectes consomment les racines, les branches et les feuilles des jeunes plants de Jatropha et entraînent leur mauvais développement. Tous ces ravageurs appartiennent principalement aux ordres des hétéroptères, homoptères, coléoptères, lépidoptères et orthoptères. Citons par exemple la mineuse de tige Pempelia morosalis (Pyralidae) observée au Sénégal, la chrysomèle Aphthona sp. (Chrysomelidea) signalée, entre autres, en République démocratique du Congo, Malawi et Angola, ou bien les termites que l’on observe partout.
48 agents pathogènes sont responsables des maladies du Jatropha cultivé en Afrique (et ailleurs dans le monde). Ce sont en majorité des champignons à l’origine de diverses maladies : fusariose, pourriture du collet et des racines, oïdium, rouille… Mais des bactéries et des virus sont également responsables de maladies affectant les plants de Jatropha : la mosaïque jaune due à un Geminivirus propagé par la mouche blanche Bemisia tabaci ou encore la maladie de la tache angulaire due à la bactérie Xanthomonas campestris.
Le potentiel de production du Jatropha étant mal connu, il est difficile d’estimer les pertes de rendement engendrées par ces bioagresseurs.
Comment lutter contre les bio-agresseurs du Jatropha ?
Les producteurs africains ont peu de maîtrise sur les ennemis du Jatropha qui est cultivé depuis peu de temps dans cette région. Peu de méthodes traditionnelles de lutte existent pour cette même raison. La recherche scientifique développe ainsi des méthodes de lutte pour contrer les principaux ennemis du Jatropha :
- La lutte chimique est efficace contre les bio-agresseurs du Jatropha. Par exemple, l’endosulfan est utilisé contre tout type d’insecte et le carbosulfan contre les insectes suceurs ; des fongicides soufrés sont efficaces contre l’oïdium, etc. Néanmoins, ces traitements sont dangereux pour l’environnement et la santé de celui qui les manipule et leur coût est élevé.
- Les biopesticides sont des extraits de plantes permettant de contrôler les ennemis du Jatropha. Ils sont moins rémanents et moins toxiques que leurs équivalents chimiques. Par exemple, les solutions de feuilles de neem, de papayer ou de graines de piment sont efficaces contre les insectes ravageurs du Jatropha. L’anthracnose est sensible aux extraits de feuilles de neem.
- Il existe aussi des ennemis naturels des espèces d’insectes ravageurs (lutte biologique) comme, par exemple, Telenomus remus (Hyménoptère, Scelionidae) ou Stegodyphus sp. (Arachnide, Eresidae), prédateurs de la mineuse de tige.
Une bonne gestion préventive permet également de lutter contre ravageurs et maladies du Jatropha. En tout premier lieu, il est indispensable de connaître les ennemis du Jatropha afin de les identifier, de les inventorier et de les suivre. Il est aussi important de développer des pratiques bénéfiques comme certaines associations culturales ainsi que l’entretien des parcelles.
Pour en savoir plus, consulter la synthèse bibliographique élaborée par le réseau sur cette thématique, ainsi que la note courte qui expose les principaux éléments à retenir sur les maladies et ravageurs du Jatropha